Crise sanitaire et stress post-traumatique chez les enfants
Bonjour à toutes et tous, j’ai envie, en ce 5 mars 2022, de vous faire une petite vidéo pour ceux qui me connaissent pas. Je m’appelle Yohann Micoud, je suis maman et je suis psychologue. Et c’est avec cette casquette professionnelle que je vous parle aujourd’hui. Je suis psychologue spécialisée dans la prise en charge des psycho traumatismes et du stress post-traumatique chez les enfants, les adolescents et les adultes. Je vous fais cette vidéo parce que depuis que notre premier ministre a annoncé la levée ou l’assouplissement des mesures barrières sanitaires, notamment du masque, je reçois beaucoup de coups de fil, de mails, de parents ou d’enseignants qui me rapportent que leurs enfants ou élèves montrent des signes d’anxiété importante à l’idée d’enlever ce masque et qu’ils n’ont absolument pas. Et ils ne comprennent absolument pas pourquoi ces réactions. Parce que, selon eux, on devrait tous se réjouir de cette de cette nouvelle. J’aimerais vous faire une petite vidéo de quelques minutes pour vous expliquer pourquoi certains vont bien vivre cette situation, mais surtout pourquoi d’autres vont mal la vivre.
Et c’est surtout envers ceux ceux là qu’on va devoir être vigilants et avoir des informations claires pour pas faire d’impair. Donc, bien évidemment, ayant oeuvré depuis plus de deux ans avec les différents collectifs pour libérer nos enfants de ces de cette culpabilisation et responsabilisation anormales, je ne peux qu’être satisfait que ces mesures les libèrent enfin. Je ne vais pas me réjouir plus que ça. C’est comme si je me c’est comme si une personne maltraitée se réjouissait qu’on arrête de la frapper. En fait, elle n’aurait jamais juste dû être maltraitée. Bien évidemment, c’est soulageant quand elle arrête de subir. Mais voilà, c’est pas normal ce qu’elle a vécu. Pour moi, ce qui est en train de se passer, c’est un peu la même chose. Nos enfants n’auraient jamais dû vivre. Ce qu’ils ont vécu n’aurait jamais dû être ceux portant la responsabilité de la protection des aînés. Donc, je suis satisfaite. Mais l’heure n’est pas, n’est pas à la fête, selon moi. D’autant plus que nous vivons une situation qui détourne notre attention vers ce que beaucoup disent de plus grave.
Je vois aussi beaucoup d’enfants sur les réseaux sociaux ou même dans mon entourage, des personnes qui sont en train de dire mais faut quand même, faut arrêter de se plaindre avec ces histoires de masse qu’on n’est pas les plus à plaindre. Le fameux y a pire ailleurs, c’est ce mécanisme de minimisation et de banalisation de la souffrance sous prétexte qu’il y a pire ailleurs. Pour moi, est d’une violence sans nom. Parce que quand on sait que dans notre société, cette crise sanitaire a augmenté de 300 les tentatives de suicide chez les jeunes de moins de 15 ans. Quand on sait que les bébés ont perdu un enfant, les jeunes enfants ont perdu 22 points. Depuis quand on sait qu’il y a des souffrances chez un enfant sur deux ? Je ne me réjouis absolument pas de cette situation et je crois qu’on doit vraiment arrêter. De minimiser la souffrance des uns sous prétexte que d’autres souffriraient plus. Pour moi, une souffrance et une souffrance, une peur, c’est une peur et c’est important qu’on les considère de manière indépendante, mais tout aussi importante.
Donc, nous allons assister dans quelques jours à la levée de ce masque, de ces mesures barrière notamment par rapport au Je vous parle là pour les enfants et les adolescents, même si certains adultes vont être concernés aussi. On vit depuis deux ans dans un stress permanent qui, finalement, est devenu comme une sorte d’habitude de norme. Beaucoup d’adultes ont dit que les enfants s’adaptait bien, alors moi, j’ai toujours dit que ça s’adaptait. Bien sûr, ils se sur adapter en apparence, parce qu’on va voir que quand on a appris pendant deux ans de sa vie à avoir peur de soi même, avoir peur des autres, avoir peur du contact humain, du toucher et surtout qu’on nous a appris, voire qu’on nous a même culpabilisé quand on ne mettait pas ce masque, on nous a appris que ce morceau de papier nous protégeait de cette menace de mort imminente. Bien évidemment que pour certains, il va y avoir des traces des marques traumatiques de cette période vécue. Et que retirer ce qui ce qu’on m’a dit, qui me protégeait pendant deux ans, va être très compliqué.
Donc, voilà les cinq symptômes, les cinq manières, dont un stress post-traumatique, se manifestent chez les gens. Je vais vous donner notamment des exemples pour les enfants pour que vous puissiez identifier ce qui se passe pour les autres et éventuellement pour ceux que vous côtoyez et pour vos élèves si vous êtes enseignant. Le premier symptôme d’un stress post-traumatique juste pour définir le stress post-traumatique, c’est une réaction psychologique disproportionnée, irrationnelle, qui se manifeste dans le psychisme et dans le corps de quelqu’un qui a vécu une situation d’urgence et de stress chronique et qui qui a touché des situations en lien avec la mort ou la menace de mort. Donc, on est vraiment dans cette dans cette situation. Donc, le premier élément de symptômes qui peut se passer, c’est le symptôme de reviviscence, donc les reviviscence, c’est tout ce qui va être flashback, back, cauchemars, pensées intrusives. C’est à dire que, par exemple, nos enfants ou les ados vont pouvoir soudainement beaucoup pouvoir bien évidemment faire des cauchemars, alors qu’en fait, la situation s’apaise et les cauchemars vont se vont se majorer.
Ou alors des pensées intrusives, c’est à dire un enfant qui va soudainement reparler du premier confinement, reparler, se souvenir de mamie à l’hôpital ou de se souvenir des allocutions, des politiques à la télé. En bref, qui va vraiment avoir des espèces de de remémoration soudaine et brutale ou du passé qui était terrifiant ? Donc ça, c’est le premier des symptômes, c’est avoir ces reviviscence soudaines et incontrôlées. Le deuxième symptôme s’appelle le symptôme d’évitement. Quand une personne est victime d’un traumatisme, elle va tout faire, inconsciemment, bien sûr, pour éviter de se confronter à ce qui a été l’objet de ses peurs. Typiquement, on va pouvoir voir des enfants et c’est l’objet des mails que je reçois en ce moment. Des enfants qui disent à partir du 14 mars si on enlève les masques, je ne veux plus aller à l’école. Je veux faire l’école à la maison. Ou alors j’irai plus voir papi, j’irais plus voir mamie ou je. Je ne veux plus qu’on se touche. Je ne peux plus enlever ce masque parce que c’est celui qui me protégeait et qu’on m’a et pour qui on m’a dit tellement longtemps qu’il était indispensable à la survie et à la survie de mes proches.
Donc, le symptôme d’évitement est vraiment quelque chose qui qui, qui est assez visible parce qu’on va sentir que la personne a des comportements d’évitement qui sont disproportionnés. Et une dernière. Un dernier exemple, ça peut être un enfant qui va vraiment être mal, mais qui ne va plus vouloir en parler. Il va couper la communication. Vous allez avoir du mal à vous adresser à lui et ça, c’est. Ce n’est pas signe qu’il va bien. C’est signe qu’il est en train de s’enfermer dans quelque chose qui lui fait terriblement peur. Le troisième symptôme s’appelle l’altération de l’humeur et des pensées. Donc, quand nous avons vécu, comme je vous disais tout à l’heure pendant deux ans, avec des phrases, des injonctions qui nous disaient porte ton masque, sinon tu es dangereux, sinon tu vas tuer papi mamie, tu es responsable de la contamination des adultes, sinon tu veux une punition, sinon tu n’es pas, tu n’es pas accepté, etc. Ça va altérer, c’est à dire que ça va abîmer les croyances des enfants, les les, leur vécu émotionnel.
En fait, c’est comme s’ils allaient avoir un dérèglement des pensées. Et aujourd’hui, j’ai beaucoup dans mes cours, dans ma consultation, des enfants qui me disent que ce toucher est dangereux. Donc ça, vous voyez, c’est vraiment une altération ou un dysfonctionnement de la réalité. En fait, parce que pour grandir et pour aller bien, on a besoin du contact humain. En tant qu’êtres sociaux, on a besoin de se toucher, on a besoin de se voir. Donc là, les enfants ont intégré depuis deux ans totalement le contraire de ce qui est bon pour eux. Donc ça, ça s’appelle l’altération des pensées et de l’humeur. Ça veut dire que les enfants ou adolescents vont pouvoir manifester des sautes d’humeur ou une humeur très triste, très dépressive. Comme si, finalement, vous ne connaissiez pas vraiment votre enfant ou adolescent d’avant. Alors, faut vraiment pas mettre ça sur le compte d’une crise quelconque, d’adolescence ou autre. C’est vraiment important de recontextualiser les choses et de dire que nous avons vraiment vécu une situation totalement anormale et que si vous ne reconnaissaient pas les émotions et le tempérament, je dirais ADEPS de votre, de votre enfant ou adolescent précoce vide.
C’est qu’il y a une souffrance sous jacente et c’est important de s’en occuper. Le quatrième symptôme d’un stress post-traumatique et l’hyperactivité émotionnelle, c’est à dire que votre enfant ou votre ado va soit être dans une hyper vigilance permanente, va être très à fleur de peau, va pouvoir avoir des crises de panique, des crises de peur, des crises de colère sans que vous puissiez comprendre véritablement ce qui se passe. Ou alors une autre version de l’hyper réactivité émotionnelle. C’est ce qu’on appelle la dissociation, la déconnexion d’avec ses émotions, c’est à dire que votre enfant ou ado, va ou élève va être comme une sorte de robot qui ne ressent plus rien. Quand on lui parle ou quand on lui demande ce qui se passe pour lui ou elle, ça va être. Je ressent rien. Je ne suis ni triste ni content. Ça m’est égal, je m’en fiche, etc. Donc vraiment, ce sentiment de déconnexion n’est pas bon signe. Faites attention, ça ne veut pas forcément dire que la personne va bien. Ça peut être vraiment un signe de dissociation traumatique.
Voilà, ça, c’est les quatre symptômes, je pense. Je suis absolument convaincu qu’on va observer chez certaines personnes les reviviscence cauchemars, l’évitement, l’altération de l’humeur et des pensées et l’hyper réactivité soient majorés, les émotions qui débordent ou soit complètement éteinte. Ce que je voulais vous dire aussi. C’est notamment par rapport aux adolescents, ce masque dans cette période d’adolescence si fragile, si si particulière, notamment au niveau du rapport aux autres et au rapport à son corps. Ce masque pour beaucoup d’adolescents, a été synonyme de protection, finalement. On ne voit pas mes émotions, on ne voit pas la bouche, on ne voit pas une partie de mon visage, je peux me cacher d’une certaine manière par rapport à ce que je vis, ce que je ressent et donc le fait de le retirer va pouvoir être vécu comme une sorte de mise à nu. Quelque chose qui me protégeait, qui me faisait même du bien. Eh bien, soudainement, on ne va plus être indispensable. Et donc, pour certains adolescents, ça va être extrêmement compliqué de l’enlever.
J’ai même une adolescente dans ma consultation qui me disait qu’aujourd’hui, même chez elle, quand elle se prenait en selfie, elle mettait un masque parce qu’elle se trouvait plus belle avec un masque. Voilà donc vous voyez, au niveau de ce que je vous disais tout à l’heure de la distorsion des pensées, c’est que certains adolescents ou enfants trouvent un bénéfice secondaire à garder un masque, soit parce que ça leur évite de communiquer. Ça cache des imperfections qu’ils trouveraient sur leur visage, ça masque des émotions. Ça, c’est une véritable altération traumatique qu’il va falloir vraiment prendre en compte. Donc, je finirai cette petite vidéo par des conseils pour accompagner nos enfants et nos adolescents à vivre le mieux possible cette situation. J’ai eu une enseignante qui m’a appelé en me disant Est ce que c’est une bonne idée de ne pas leur parler de cette levée du masque et que le 14 au matin, je leur annonce et on fait une fête dans la classe pour enlever le masque, etc. On jette comme on a vu sur certaines vidéos dans les réseaux sociaux, on jette le masque en l’air et on fait ça.
Moi, je pense que c’est une très mauvaise idée. Ce que je lui ai dit, c’est que quand nous avons vécu et surtout nos enfants, un stress aussi long, c’est important qu’il n’y ait pas d’effet de surprise. Je pense vraiment parce que justement, chacun ne va pas vivre la situation de la même manière. Et ce qui va être fondamental, c’est de respecter les émotions et le vécu de chaque personne. Donc, pas d’effet de surprise. C’est mon premier conseil de pouvoir préparer les enfants, de leur dire voilà, dans 10 jours, les masques vont pouvoir être retirés. Comment tu le vis ? Qu’est ce que ça te fait ? Parce que ça fait longtemps que tu le porte ? Est ce qu’il y a une part de toi qui est contente ? Mais est ce qu’il y a peut être aussi une part de toi qui a peur ou qui est en colère ? Bref, d’aller nommer vraiment et d’accueillir le vécu de votre enfant, ado ou élève, comme il arrive en fait, sans jugement, sans minimisation, sans culpabilisation ?
Mais pourquoi tu vis ça comme ça ? C’est débile. Réjouis toi. C’est comme ça que toutou se lève. Tu devrais être content, non ? De manière complètement irrationnelle. Et parce que ce sont des impacts traumatiques, certaines personnes ne vont pas réussir à se réjouir de cette levée parce que justement, ça va majorer leur leur stress et ça va les effrayer. Donc, ne rien forcer, chacun à son rythme. J’aimerais vraiment que dans les écoles, on puisse y aller de manière progressive, chacun à son rythme. Mais vraiment d’encourager les élèves, de les rassurer, de pouvoir l’enlever petit à petit ou le baiser sur le nez, ou le garder après juste sur le coup, mais qui puisse aller à leur rythme. Parce que si on y va de manière trop brutale, ça va renforcer ce qu’on appelle la mémoire traumatique. Et les symptômes vont s’en qui vont ou vont être encore plus difficiles à près, à guérir. Ça, c’est vraiment important d’être très vigilant aux réactions des élèves ou des autres enfants entre eux, parce qu’on a bien vu que nos enfants ont reproduit ce que nous, adultes, on a, on a vécu le clivage, les se monter les uns contre les autres, entre les vaccinés, les non vaccinés.
Là, ça va être ceux qui enlève le masque et ceux qui ont peur. Donc, les conneries, les moqueries, ça, c’est vraiment vraiment à surveiller parce que ça peut être extrêmement dur à vivre. Voilà. Et bien sûr, donner des informations, ce qui permet de calmer l’émotion, c’est le cognitif. Ça veut dire, c’est d’apporter de l’information, de rebrancher le cerveau qui pense en fait plutôt qu’être aux prises avec le corps qui ressent pour équilibrer les choses. Ça va être important que les adultes, parents, enseignants donnent des informations factuelles aux enfants et aux adolescents sur le fait que cette maladie est vraiment quittent notre pays, que tout va mieux, que les hôpitaux vont beaucoup mieux, que les médecins vont beaucoup mieux, que les grands parents ne sont plus en danger, etc. C’est important de pouvoir donner ces éléments factuels aux enfants et adolescents. Voilà donc je voulais vous donner en quelques minutes ces éléments qui me semblent terriblement importants. Pour qui ? Parce que la méconnaissance de ces mécanismes là va générer beaucoup d’incompréhension.
J’ai bien peur chez beaucoup de personnes, enfants ou adultes. Et l’idée, c’est vraiment d’aider nos enfants à ne pas vivre leur peur comme de nouveaux. Quelque chose d’inadaptation et de dysfonctionnel, donc, avec des collectifs, notamment le Collectif des mamans où on est en train de mettre en place des des programmes d’aide psychologique. Parce que là, maintenant, il va falloir réparer les dégâts que ces mesures ont occasionné chez nos enfants et les adolescents. Donc, on viendra vers vous dès que possible. Mais n’hésitez pas à faire circuler cette vidéo si vous pensez qu’elle peut être importante et utile en terme d’information qu’elle contient. Je souhaite un bon courage à tout le monde parce que même si il y a cette levée le 14, c’est pas pour autant que c’est terminé. Une suspension ne veut pas dire une suppression. Moi, j’ai envie de dire et de finir cette vidéo par plus jamais ça. Quoi qu’il se passe dans l’avenir, nos enfants n’ont plus jamais à supporter et à être responsable de nos peurs d’adulte et j’espère que de nombreux professionnels parents pourront se mobiliser différemment, peut être la prochaine fois, pour avoir plus conscience de ce qu’on leur a fait vivre et les dégâts qu’ils vont devoir aujourd’hui supporter.
Merci encore.